Albertine ou le retour à la vie

Publié le par Maison SPA de Tourcoing

Lorsque l'on est bénévole à la SPA, on est généralement sensible à toute détresse animale qu'il s'agisse d'un petit moucheron aux ailes collées, d'une coccinelle risquant la noyade ou d'une mouche en extrême inanition. C'est ainsi que fut découverte Albertine, couchée sur le dos, cataleptique et en état de mort apparente. Elle gisait au bord d'une fenêtre, persuadée que nul ne lui porterait secours ni ne lui rendrait la santé.

D'aucuns, d'un geste méprisant de la main, l'auraient congédiée, pensant qu'elle ferait le régal de l'un des chats de la maison à l'issue d'une sieste méritée.

Mais lorsque l'on est bénévole à la SPA, toute existence est respectable et l'on vaque à ses occupations sans jamais perdre le réflexe de sauver quelque destin pouvant l'être. Alors qu'Albertine attendait sans espoir le navrant épilogue de sa vie, elle eut la surprise de se sentir emportée dans les airs, tel Aladin sur son tapis, et délicatement posée sur une petite cuillère en plastique, se demandant quelle mouche avait pu piquer cette créature à deux pattes qui voulait la sauver.

Invitée à suçoter une gouttelette de confiture, Albertine ne fit pas la fine bouche. Elle se dirigea illico vers le doux nectar, y plongeant avec délice sa trompe gourmande. Confortablement installée dans sa petite cuillère, elle reprenait vaillamment ses esprits, quand elle vit arriver une larmichette d'eau destinée à l'abreuver. Assoiffée, notre amie ne se fit pas prier pour absorber ce rafraîchissement salutaire, tranquillement posée entre bocaux de pâtes et de céréales.

Mais lorsque l'on est bénévole à la SPA, on n'a pas forcément le loisir d'observer les mouches à longueur de journée. C'est ainsi qu'Albertine fut conviée à se reposer sur le bureau où elle fut bercée par le clapotis des touches d'un clavier.

Quand elle fut requinquée, elle descendit fièrement de sa petite cuillère pour aller faire un brin de toilette sous le manche, bien à l'abri des regards.

 

Enhardie par la douce perspective de s'élancer vers l'inconnu et portée par une énergie retrouvée, elle tenta une petite excursion au-delà des frontières de son providentiel refuge en plastique.

Puis, elle finit par s'envoler et fit le tour du propriétaire, toute ragaillardie qu'elle était par ce festin bienvenu.

Fine mouche, Albertine identifia une issue laissant entrevoir un avenir désinvolte et une liberté retrouvée. Lorsque la fenêtre s'entrouvrit, elle ne demanda qu'à s'envoler et à retrouver son instinct de petite bête des cieux.

Lorsque l'on est bénévole à la SPA, on sourit au souvenir de cette minuscule existence secourue et on s'en retourne à son travail en remerciant la providence de sa bienveillance. Bon voyage petite Albertine !